21 heures de nage entre l'île de Ré et les Sables-d'Olonne

Nuit, vent, pluie… Au mois de septembre 2023, onze Sauve­teurs en Mer de la station de l’île de Ré, en Charente-Mari­time, se sont lancés dans un périple de 54 kilo­mètres à la nage.

Nageurs relevant leur défi
Les onze nageurs se sont relayés de jour comme de nuit pour relever leur défi © Alexis Blanc

L’eau est incon­tes­ta­ble­ment leur élément. La station de l’île de Ré compte de nombreux béné­voles, qui, tous les vendre­dis, terminent leur entraî­ne­ment par une nage. « On aime l’eau, on fait très souvent des traver­sées à la nage  », précise Denis Chatin, le président de la station locale.

L’an dernier, l’équipe avait déjà eu l’idée de réali­ser le tour de l’île à la nage, en relais. Soit envi­ron 70 kilo­mètres pour trente-deux heures de nage. Cette année, il s’agit d’une traver­sée : nager de leur île jusqu’à la station SNSM des Sables-d’Olonne, en Vendée.

Tracer l’iti­né­raire, défi­nir le jour de départ en fonc­tion des coef­fi­cients, trou­ver les moyens de sécu­rité pour accom­pa­gner les nageurs, des semaines durant, les Sauve­teurs en Mer ont préparé le projet avec rigueur et minu­tie.

Nager la nuit, un combat contre l’élé­ment

Accom­pa­gnés par la vedette SNS 458, un bateau enca­dreur et un kayak, ces onze aven­tu­riers ce sont élan­cés vers 15 heures sans palmes ni tuba, juste équi­pés de leurs combi­nai­sons Néoprène®.

Kayak encadrant les nageurs
Les nageurs étaient enca­drés par plusieurs bateaux, dont un kayak © Alexis Blanc

Pour opti­mi­ser les forces, ils devaient se relayer toutes les heures. Mais, en mer, l’his­toire n’est jamais écrite à l’avance.

Dans la nuit, la météo s’est gâtée. Double peine. Nager sans voir la direc­tion complique l’exer­cice. « On en a bavé, lâche Denis Chatin. Le vent est monté plein sud à 10 nœuds, puis 15 nœuds, pour s’éta­blir à 20 nœuds, avec des rafales à 35 nœuds, soit jusqu’à 60 km/heure. Et la mer a blan­chi comme si elle voulait nous sortir de son terrain de jeu. »

À tête repo­sée, ils le concèdent tous : il leur a manqué des données météo­ro­lo­giques plus précises. Le mauvais temps a obligé les nageurs à revoir leur itiné­raire et à faire 3 milles nautiques supplé­men­taires pour ne pas se retrou­ver pous­sés sur la côte. 

Toujours se méfier des orages, ils sont plus forts que la technologie en transgressant volontiers les modèles météo les plus fiables.
Denis Chatin
Président de la station SNSM de l’île de Ré

Pluie, méduses et ponton d’ar­ri­vée

Six heures de bataille contre les éléments. Des corps usés, mais indemnes. Le moral est au beau fixe car la récom­pense approche. Encore quelques efforts et des bancs de méduses à passer pour atteindre le port des Sables-d’Olonne. Un peu avant 13 heures le lende­main, les quatre derniers nageurs à l’eau touchent la digue du phare vert. Four­bus, ils allument des feux à main pour fêter leur réus­site, puis vont se repo­ser à la station des Sables… pour déjà envi­sa­ger un nouveau défi. Car le projet spor­tif ne s’ar­rête pas là. Les béné­voles de l’île de Ré veulent conti­nuer leur route avec d’autres Sauve­teurs en Mer et remon­ter la côte, de la Bretagne à la Manche, année après année. « Le but de cette traver­sée à la nage était de boucler la première étape d’un périple qui consiste à rejoindre, au fil des ans, diffé­rentes stations SNSM », soulignent-ils.

Rendez-vous est déjà pris avec les Vendéens pour le prochain chal­lenge, qui devrait mettre le cap vers l’île d’Yeu ou celle de Noir­mou­tier.

Article rédigé par Julia Tour­neur, publié dans le maga­­­­­­­­­­­­­­­­zine Sauve­­­­­­­­­­­­­­­­tage n°166 (4e trimestre 2023)