Trois hommes sauvés d'un péril certain par la SNSM Île de Ré.

Le mardi 29 juin à 18 h 17, une vedette à moteur chavire entre le phare des Balei­naux et la pointe du Lizay. Les trois hommes se retrouvent à la mer, leur bateau coulé à la verti­cale. Une poche d’air main­tient la proue entre deux eaux, ils s’y accrochent.

 

18 h 23 : avec diffi­culté, ils composent le 18 sur un télé­phone. Le Codis 17 relaie au Cross Etel.

18 h 28 : Mayday Relay 

18 h 29 : le Cross Etel nous engage pour opéra­tion SAR recherche et sauve­tage.

18 h 35 : Deux équi­piers de la station île de Ré appa­reillent avec la 458 .

18 h 45 : Quatre autres équi­piers de la station île de Ré appa­reillent en tenue de plon­geur avec le moyen secon­daire semi rigide.

La houle est formée et la visi­bi­lité est de un nautique, elle ne permet pas au séma­phore des Baleines d’avoir un visuel sur les naufra­gés. La zone de recherche va deve­nir très vaste faute d’azi­muts et de données GPS.

Les seules données qui nous sont relayées au béné­voles par le Cross sont les hauteurs de sonde que les naufra­gés se souviennent avoir vues sur leur sondeur avant le chavi­rage et qu’ils ont données au Codis.

Chaque indi­ca­tion donnée par le Crossa Etel, aussi infime soit elle, est précieuse en sauve­tage. Ces hauteurs d’eau vont guider nos recherches pour effec­tuer nos proto­coles de paternes vers les cassures du large.

Nous navi­guons à vive allure, avec les yeux partout, ça choufe devant pour  pas leur passer dessus, ça choufe derrière, ça choufe tous azimuts…

À un quart de mille sur le travers tribord, entre deux trains de houle, une forme… anor­male. faut y aller, lever le doute, surtout lever tous les doutes…

Un coup j’te vois un coup j’te vois pas dans les vagues… on fonce pour voir si j’tai bien vu et si c’était bien toi !! va savoir?

Le temps s’al­longe, l’eau se met à geler chez eux mais la distance s’écourte, ils sont là !!!

Ce sont eux, trois petites têtes dépassent sur un léger fluo des gilets, rien d’au­tre… Seul le balcon avant du bateau fend la houle, ils sont cris­pés sur son inox trempé de froid.

Nous récu­pé­rons les trois hommes à notre bord, c’est fini !

Après avoir informé le Cross, trans­bor­de­ment immé­diat dans la douillette 458 pour les enve­lop­per de papier bonbon  et enta­mer un premier bilan médi­cal.

Deux hommes sont sous le choc et grelottent, dont un déso­rienté, en hypo­ther­mie avancé. Sa tempé­ra­ture est de 30°C, tension haute et le palpi­tant qui fait la java.

Le Cross engage un Vsav pour l’ac­cueil au port de Saint-Martin-de-Ré. La  458 fait route de tout son souffle avec les trois hommes pris en mains chaudes par trois équi­piers.

19 h 30 : Au port, ils sont pris en charge par les pompiers pour un second bilan médi­cal.

Pendant ce temps, le moyen secon­daire et ses trois équi­piers s’oc­cupent de l’épave pour la renflouer et la remorquer à un corps mort devant la plage du Lizay.

20 h 59 : fin de mission retour à la base.

Le récit que nous a donné le lende­main les trois naufra­gés incite à plus de prudence avant de prendre la mer :

  • Ils ne portaient pas leurs gilets de sauve­tage.
  • Ils n’avaient pas de VHF portable.
  • Leurs fusées de détresse n’étaient pas acces­sibles.
  • Leur mouillage était trop court, à pic, et les a fait enfour­ner dans la houle une fois, deux fois et trop tard pour larguer.

Par chance :

  • Les gilets en copains se sont invi­tés sans sonner à prendre l’air et ils parviennent à les enfi­ler, une main pour toi une main pour le bateau.
  • Ils avaient un smart­phone qui n’a pas bu la tasse.
  • Ils ne connais­saient pas la zone, mais se souve­naient des profon­deurs de sonde.

Les bons réflexes :

  • Ils sont restés grou­pés accro­chés au navire.
  • Ils ont gardé leur sang froid et le moral.

Le télé­phone :

Indé­vé­rouillable avec les mains mouillées, l’un d’eux l’a mani­pulé avec son nez et a pu appe­ler le 18. C’est mieux que rien, et déjà chapeau bas d’avoir le discer­ne­ment et le nez aussi fins, mais la prochaine fois Pablo que t’au­ras les mains sèches, l’ur­gence en mer est le 196. ( un neuf six) 196…Al­lez répète après moi «  un neuf six  » Il permet de gagner quelques précieuses minutes entre l’ap­pel, le relaie au Cross et le Mayday. (5 minutes préci­sé­ment dans leur cas).

5 minutes de plus à la baille, ça peut faire un degré de moins sous la peau…

S’ils avaient eu une VHF portable bran­chée sur le Canal 16, nous aurions pu dès notre appa­reillage, ou bien le Séma­phore des Baleines, faire une gonio­mé­trie sur eux et réduire le temps de recherche.

Le Canal 16 et le 196 ils sont précieux ces numé­ros c’est de l’or car le Cross veille sur vous 24h/24.

Sauve­tage heureux ! leurs trois sourires nous encou­ragent à pour­suivre la mission.

Numéro d'urgence en mer : 196 par téléphone ou canal 16 par VHF